mardi 14 juillet 2009

Chapitre 23 : Les diversions

Muriel monta au sommet de la tour alors que l’horloge de son bureau venait de sonner minuit. Elle sentit quelques gouttes d’eau, témoignant de l’arrivée des nuages au-dessus de la contrée. Inès et Fabien ne s’étaient pas trompés sur leurs prévisions, et le contraire aurait été étonnant. De lointains grondements, qui peu à peu se rapprochaient, annonçaient une journée sombre. Des points de lumière regroupés en amas dans le noir paysage montraient l’emplacement des villes, et des éclairs illuminaient la campagne environnante. La Mage des Temps sentit des gouttes tomber du ciel sur elle, et peu à peu le bruit de l’eau tombant sur les rochers de la montagne s’intensifia. Elle descendit dans ses appartements, et s’aperçut qu’elle était restée un quart d’heure. Pourtant elle avait la sensation de n’être restée que quelques instants, perdue dans la contemplation de la contrée de Magilia, éclairée par la vive et blanche lumière de la foudre. Elle ne tarda pas à s’endormir sur son lit, tout en songeant à l’arrivée plus que prochaine de la Peur dans cette contrée dont elle avait la responsabilité. Il ne fallait pas que la faire venir à Heucalia pour la piéger ait l’effet inverse et les piège tous et que le Sorcier Noir sorte vainqueur…

Coralie et son frère Thierry avaient vu durant la journée arriver à Terlatour des militaires qui allaient en Armont. Ces derniers avaient été très surpris par la vie des terlatourois, qui semblait paisible et loin de tout. Ils s’étaient tenus regroupés, avaient salués tous les habitants qu’ils avaient croisés, tout en se demandant quelle magie pouvait être assez puissante pour cacher Terlatour des terriens. Ils avaient été guidés pour venir, et la barrière avait été levée par différents mages du hameau qui s’étaient regroupés pour réaliser le sortilège. Ils s’étaient ensuite rendus sur l’allée circulaire des Pins, au niveau des jardins, afin d’observer la campagne aixoise hors des haies de Terlatour. Depuis les jardins, on voyait quelques maisons, des champs, des petites routes, et une plus importante, un chemin de fer, et la forêt qui s’étendait sur les collines environnantes. Tout était paisible. Les deux adolescents étaient ensuite rentrés chez eux, songeant au fait que leur destin allait bientôt se jouter à des années-lumière de là, dans le monde d’Heucalia. Ils ne cessèrent de penser à leurs amis qui, étant els Fienpoti, auraient un rôle plus qu’important à jouer… Le soleil se coucha, et quand il apparut de nouveau, les jeunes sorciers étaient loin de se douter que la Peur était déjà à Fept. Personne n’aurait pensé à une réaction aussi rapide. Personne, ou presque…

La Peur posa un premier pied, puis le second sur le sol de Fept. Les quatre rochers des Quatre Pouvoirs étaient là, et elle sentait leur puissance magique. Puissance inaccessible pour elle. Les mages et Niumadins qui combattaient contre son armée qui n’avait cessé d’arriver par la Porte des Mondes ouverte depuis Calor vers l’Armont avaient été pris de court. Ils ne s’étaient pas attendus à une attaque aussi rapide, mais heureusement que sous l’impulsion des Mages des Temps qui ne sous-estimaient pas le Mage Noir et le Mal Suprême, une bonne partie des effectifs étaient déjà arrivés à leur poste. Et ils devaient en réalité surtout veiller à la sécurité de la ville tandis que le Sorcier Ténébreux irait avec son armée à Heucalia. L’armée était maintenant complètement arrivée, et avait envahie tout le centre-ville, désertée de ses habitants dès que le Portail s’était ouvert. Pierre Monbikand, qui, une heure avant l’arrivée du Mage des Ténèbres à Fept, avait décidé de se rendre dans la cité armonoise afin d’aider et de pouvoir prévenir, via un rêve toutes les heures, l’avancée de la situation. Muriel l’avait laissé partir, tout en lui recommandant une grande prudence. Il restait dix minutes avant le premier rêve où il devait informer la Sorcière de la Tour, et il fallait se mettre à l’abri pour pouvoir dormir, très rapidement. Pierre se dirigea vers le premier petit immeuble qu’il croisa. Il entra dans le hall d’entrée, puis se rendit dans une salle destinée à l’entrepôt de produits ménagers, balais, serpillères, ainsi que de divers outils. Un endroit guère confortable pour dormir quelques minutes, mais qui serait discret. Après tout, l’immeuble n’était qu’à cinq minutes de la Place du Portail, et on entendait les clameurs de la bataille. Très vite il s’endormit, et se retrouva devant la petite tour de Terlatour, et alla s’asseoir sur une chaise. Une autre était posée à côté de la sienne, et une minute après son arrivée Muriel apparut et s’assit sur celle-ci. Pierre lui annonça gravement que la Peur était arrivée bien plus tôt que ce qui avait été envisagé, et que l’attaque avait déjà bien débutée. Il fallait donc tout mettre en place d’urgence à Heucalia afin de mener à bien le plan qui avait été décidé la veille. Les Fienpoti devaient être cachés en attendant le moment propice, lorsque les représentants des cinq Mondes seront prêts à former une nouvelle alliance, pour le bien des Cinq Mondes, avec sincérité. Muriel acquiesça, sachant que tout reposait sur les cinq représentants, et sur les quatre aquisextains. Pierre s’en alla, et elle se réveilla dans ses appartements, en espérant qu’il se montrerait prudent et que sa présence à Fept permettrait d’éviter que la ville tombe entre les mains de l’armée du Mal Suprême. Pierre sorti immédiatement de l’immeuble, et se rendit compte que les clameurs se faisaient plus entendre, car elles étaient non seulement plus violentes, mais plus proches. Il ne tarda à croiser des soldats à la solde du Mage Noir qui combattaient des Niumadins armés de lances, ou bien de pistolets selon leurs origines. Il les aida à repousser leurs adversaires en lançant des sphères solides propulsées à grande vitesse sur eux. Ils atterrirent plus loin dans la rue, et les Niumadins se précipitèrent pour éviter qu’ils ne reviennent. Ils en virent aux mains, des explosions retentirent de nouveau et le bruit incessant se répercutait sur les murs des immeubles. Des corps sans vie étaient étendus, autant vêtus de l’habit noir caractéristique de l’Armée du Mal que d’autres qui étaient venus des Cinq Mondes participer. Pierre contourna la bataille et se dirigea vers le Portail. Il fallait juste retarder un peu l’arrivée de la Peur à Heucalia. Un petit peu… Il réussit à s’approcher de la place où la porte des Mondes se tenait, et rentra dans un immeuble d’où on avait une vue dégagée. Il monta rapidement les marches des escaliers, et se rendit sur le toit par une trappe situé au-dessus du dernier palier. Au moment où il regarda vers le centre de la place, un nuage de fumée noire apparut, et un ricanement se fit entendre. Peu à peu la Peur apparut, son rire résonnant toujours. Il voulait donner un véritable spectacle, et semblait s’amuser de ce qui lui paraissait être une simple promenade. Il referma le Portail derrière lui, ricana de nouveau, puis commença à entonner des sortilèges visant à détruire les résistances qui avaient été placées après le départ de l’ambassadeur de l’Armont du côté de Magilia. Pierre Monbikand commença alors à viser le Mage Noir et lui envoyer des sphères afin de le bousculer. Ce dernier se retourna après être tombé au sol, et le Mage des Temps devina que son sourire avait disparu. Des cris continuèrent de retentir.

Les Fienpoti croisèrent Muriel devant la Tour, alors qu’elle les cherchait. Elle leur annonça qu’à Fept la bataille avait commencé, et qu’il ne leur restait guère plus d’une heure avant que le sort des Cinq Monde ne leur soit remis entre les mains. Charles, Marine, Louis et Jenny n’étaient pas avec eux, ayant voulu se rendre du côté des archives, ce qui ne rassura guère la Mage des Temps qui connaissait la complexité de ces lieux, et qui savait que même si s’y perdre était difficile, y retrouver quelqu’un l’était également par l’étendue. Les Fienpoti s’y précipitèrent alors que Muriel conversait avec un mage afin de lui demander de sonner les cloches du clocher de Magilia. Quand elle se retourna, elle ne les trouva plus, seuls les bruits de leurs pas manifestant leur présence non loin. Elle courut à leur suite, mais le temps qu’elle arrive aux archives, ils s’y étaient déjà engouffrés, et appelaient les quatre adolescents qu’ils recherchaient. Muriel cria leurs noms à tous, en espérant qu’ils ne se cherchent pas durant de longues minutes. Elle leur demanda à tous de se rendre au niveau de l’entrée principale, et il fallu bien trois minutes pour que tous les jeunes soient réunis autour d’elle. Elle leur annonça : « La Peur va arriver plus tôt que ce que nous avions prévu. En effet, elle est déjà à Fept, et je crains que d’ici une heure ou deux elle ne soit ici. Je pense qu’il vaut mieux pour vous, Marine, Jenny, Elmardie, Ullior, Nathan, Charles, et Louis que vous alliez au village de Collina avec un coche bien entendu, car vous y seriez bien plus à l’abri qu’ici.
- Et je présume que nous les Fienpoti restons ici ? s’enquit Alice
- Oui, répondit Muriel, le Mage Noir va arriver donc il faut nous préparer, et vous serez très important puisque ce sera vous qui scellerez l’Alliance des cinq Mondes. Il faut bien entendu que les peuples des différents mondes combattent ensemble, sinon l’Alliance ne sera pas sincère… Et si elle ne l’est pas, je peux déjà me préparer à voir Heucalia annexée au monde de Jiriond…
- L’Alliance sera sincère, affirma Nedjma. Je sais que tous les peuples des Cinq Mondes ont conscience qu’elle est certes nécessaire mais avant tout que nous sommes tous des êtres humains, que nous sommes très proches, et que cette Alliance est finalement « naturelle » !
- Et nous veilleront à sa solidité, ajouta Fabien avec le soutient des Mages des Temps, nous parviendront à la maintenir jusqu’à ce qu’elle soit si solide que personne ne songerait même au fait qu’elle pourrait être de nouveau rompue.
- L’avenir nous révèlera si vous avez raison ou non, fit Muriel, d’un ton assez énigmatique. Nous le saurons bien assez tôt… »

Kotoin s’éveilla dans sa chambre dans le Palais de la Cité aux Fées, longtemps après avoir sombré dans l’inconscience. La première chose qu’il remarqua fut l’éveil de sa conscience, qui avait quittée les brumes que la Peur s’était appliquée à créer. Cela faisait si longtemps qu’il n’avait pu réfléchir sans avoir des murmures lui insufflant le Mal. Si longtemps… La porte n’était pas verrouillée, et l’Heucalien put sortir sans peine. Il croisa une jeune Fée qui lui révéla qu’une véritable bataille contre le Sorcier Ténébreux était engagée à Fept, et que le but était de la guider vers Heucalia pour qu’une nouvelle grande Alliance puisse la vaincre définitivement. Elle lui confiant cela car elle savait que l’influence du Mage Noir l’avait quitté définitivement. Tous ceux qui venaient le voir tous les jours pour pendre soin de lui avaient constaté l’évolution positive, et l’Heucalien était revenu, le Kotoin d’autrefois apprécié de tous. Il décida rapidement qu’il devait aider lui aussi les Cinq Mondes. Et il avait son idée… Il demanda à un elfe qu’il croisa à l’extérieur du Palais s’il voulait bien l’emmener à Fept après lui avoir exposé son idée. Il accepta.

Pierre sorti précipitamment à l’extérieur de l’immeuble qui lui avait servi de frêle refuge, et ne mit pas plus de quelques secondes avant que le Sorcier des Ténèbres ne lui fisse face. Le toit s’était effondré suite à la réplique de la Peur après être tombée au sol. Le duel repris, avec bien plus de violence. Un banc public fondit à moitié après que Pierre eut esquivé une sphère bouillante. Il blessa le Sorcier Noir à de multiples reprises, et lui aussi. Le Mage des Temps eut un bras de touché violemment, et il sentit très vite une douleur puissante se diffuser. Alors que la porte d’un immeuble proche explosa suite à une sphère de Pierre et qu’une de la Peur détruisait un lampadaire, Kotoin apparut en compagnie d’un elfe. Il jeta une sphère que le Mage des Ténèbres n’eut le temps d’esquiver, puis se mit à côté de l’ambassadeur de l’Armont. Le plus grand serviteur du Mal fut déstabilisé par l’apparition de celui qui lui était asservi, qui lui obéissait quelques jours avant encore. Puis il se téléporta avec l’elfe au niveau de la Porte des Mondes, tandis que Pierre reprenait son combat. Kotoin l’assista de l’autre côté, et le Mage Noir ne sut alors que faire. Il hurla alors à des mages et soldats de revenir vers lui, mais cela eut pour effet d’attirer des sorciers combattant aux côtés des Cinq Mondes. La Peut tenta de se diriger vers le Portail pour l’ouvrir, mais Kotoin lançait des sorts pour renforcer le blocage de la Porte des Mondes tandis que Pierre continuait de lancer des sphères. Mais une demi-heure après, la fatigue se faisait réellement sentir, et la Porte céda peut à peu, puis s’ouvrit. Plus d’une demi-heure avait quand même été gagnée, et quand l’armée du Mal s’engouffra dans une véritable mêlée avec des membres des Cinq Mondes la combattant, ils furent accueillis par d’autres soldats et mages qui attendaient patiemment face au Portail.

Elmardie, Ullior, Charles, Marine, Louis se dirigeaient vers Collina, dans un coche conduit par Jenny, filant à toute vitesse vers le hameau. Ils venaient de dépasser les huit maisons de Talia quand la Porte des Mondes venait de s’ouvrir sur Fept. Muriel avait fait mettre une corne de brume très sonore dans chacun des villages de la contrée de Magilia, et une à côté du Portail, afin de relayer une alerte lorsque la Porte des Mondes s’ouvrirait. Quand ils entendirent une corne de brume sonner, ils surent que la bataille finale venait de commencer. Il leur fallut une vingtaine de minutes encore pour rejoindre Collina, la route étant relativement sinueuse, en longeant les contreforts de grandes collines. Quand ils y parvinrent, les habitants étaient tous réunis sur la petite place centrale du hameau, et ils se précipitèrent sur Jenny, étant la seule du groupe qu’ils connaissaient. Ils voulurent tout d’abord être rassurés, car même si la Sorcière de la Tour avait veillé à ce que les messagers de la veille soient rassurants, ils avaient besoin de réconfort. Les adolescents furent invités à venir se réfugier sous un petit préau. Jenny guetta Charles du coin de l’œil, et le vit soucieux, pensant certainement à ses parents qui allaient participer de près à la bataille, tout comme les Fienpoti, pas plus âgés qu’eux mais déjà confrontés au Mage des Ténèbres. Puis elle regarda en direction de Nathan. Une drôle d’aura émanait de lui, certes de magie, mais il y avait quelque chose de plus. Elle l’examina longuement, et quand il vint la voir en lui demandant ce qui l’intriguait chez lui, elle répondit tout simplement qu’elle le reconnaissait comme étant un Mage des Temps lui aussi…

A peine arrivée dans le monde d’Heucalia, à peine après avoir vu se dessiner au loin la Tour Sacrée de l’autre côté de la contrée de Magilia, la Peur s’était téléportée à son pied. Le message n’avait pas encore eu le temps d’être transmis par les cornes de brume, mais Muriel De Potel était sur ses gardes, et cria depuis le sommet de la Tour où elle était avec les Fienpoti : « Que fais-tu en cette contrée, ô serviteur du Mal suprême, ne cherchant que destruction et généralisation de tout ce qui est mauvais ? Tu n’es pas le bienvenu ici ! Moi, Muriel De Potel, Sorcière de la tour Sacrée de la contrée de Magilia du monde d’Heucalia, je te déclare ennemi des Heucaliens ! ». Ce fut un ricanement du Sorcier Noir qui répondit à ces paroles officialisant la déclaration de guerre. Il se téléporta de nouveau, et apparut au sommet de la Tour. Ces lieux lui étaient familiers, même si cela faisait longtemps qu’il n’y était pas venu. Si longtemps… Très rapidement la lutte commença, et des sphères s’entrecroisèrent à un rythme effréné. En quelques secondes, Muriel et les Fienpoti avaient créé un flot constant d’énergie magique, et le Mage Noir en fit de même. Les deux flots se rencontraient dans un éclat puissant, et les forces s’égalèrent. Du moins pour un temps. Le Sorcier des Ténèbres fit appel à encore plus d’énergie, et les cinq autres mages furent propulsés contre un muret. Ceux-ci se relevèrent immédiatement, et répliquèrent à une vitesse qui les surprit eux-mêmes. La Peur fut déstabilisée, et les Fienpoti lui envoyèrent une sphère chacun, la faisant basculer par-dessus le muret. Ils se précipitèrent ensuite avec Muriel vers l’étage inférieur, et se réfugièrent comme ils l’avaient définis peu avant dans un placard assez vaste. Ils entendirent la Peur, qui s’était téléportée de nouveau vers le sommet, descendre les marches de l’escalier, et arriver dans les appartements de la Sorcière de la Tour. Il ricana, et déclara : « Sortez de l’endroit où vous êtes, à moins que vous ne soyez descendus plus bas ! Si les Fienpoti se rendent, aucun mal ne leur sera fait, et Muriel pourra repartir. Et il faudra également me dire où sont Charles et Marine Rigalor ». Les Fienpoti savaient qu’ils devaient faire diversion et s’assurer que le Mage Ténébreux ne s’occupe pas de la bataille, afin de ne rien pouvoir faire lorsque l’Alliance des Cinq Mondes sera proclamée. Les Fienpoti sortirent de leur cachette, et partirent chacun dans une direction, Alice vers le bureau, Inès dans la salle de bain, Fabien dans le salon et Nedjma dans la chambre. Muriel se précipita dans les escaliers descendant vers le rez-de-chaussée, alors que la Peur se retournait de tous côtés pour savoir quel jeune aquisextain aller chercher en premier. Il alla vers Inès, qui jeta des sphères sur lui, et qui ouvrit un robinet afin de mettre en place un petit mur d’eau en continuant d’utiliser ses pouvoirs. Elle se concentra sur le mur pour qu’il devienne un véritable bouclier. La Peur centralisa une bonne partie de son énergie sur ce mur, mais une sphère la bouscula, et elle se retourna, voyant Alice retourner vers la pièce où elle avait trouvé refuge. Répondant à cette provocation, le Mage Noir alla s’en prendre à elle, et vit trop tard Inès quitter la salle de bain et s’engouffrer dans l’escalier en courant, allant vers les étages inférieurs. Alice mit en place un mur de feu dans l’ouverture de la porte, mur qui lui aussi fit office de bouclier magique. Toutefois, le mur ne tarda pas à commencer à brûler, et la Terrienne se concentra pour limiter le feu autour de la porte ouverte. Le Mage des Ténèbres ne passa pas plus d’une vingtaine de secondes à tenter de pulvériser le bouclier qui était résistant, bien qu’il n’aurait pas duré plus d’une dizaine de secondes supplémentaires quand Nedjma lui lança une sphère aussi solide qu’une pierre, et qui lui brisa le dos. Le temps qu’il se relève et que son squelette se répare, usant une quantité d’énergie magique relativement importante, la Fienpoti du Feu était partie elle aussi par les escaliers. Il alla donc s’attaquer à sorcière de la Terre, qui créa un mur sombre, aussi solide que le roc et aussi sombre que l’humus quand Fabien lui envoya une sphère qui explosa et créa une bourrasque violente dans la salle, des objets tombant et des feuilles volant dans la pièce centrale des appartements. Il jeta en arrière une sphère qui causa l’écroulement d’un pan de mur et un nuage blanc de poussière envahit la salle. Le mur commençait à céder lorsque Fabien répliqua et s’enfuit immédiatement après. Il évita de justesse un éclair lancé, qui brûla la rambarde des escaliers en colimaçon. Alors que le Mage Noir lui tournait le dos, Nedjma lui asséna un violent coup avec un bloc issu du mur pulvérisé qu’elle propulsa vers sa tête. Cet effort magique était assez important, et elle fut surprise de voir qu’elle arrivait à faire de manière innée des choses qu’elle n’avait jamais apprises. Elle profita de l’étourdissement du serviteur du Mal suprême pour s’échapper elle aussi. Quand la Peur eut retrouvé ses esprits et que son crâne brisé eut retrouvé sa forme originelle, ce fut Muriel, Pierre et Magior qui apparurent. Magior avait dû se hâter depuis Magilia-la-Cité où il se trouvait lorsque les cornes de brume avaient retenties, et Pierre avait demandé à un dragon du monde de Tropon de le transporter jusqu’au pied de la Tour, et il était arrivé au moment où les Fienpoti commençaient à faire perdre du temps au Sorcier Ténébreux. Trois Mages des Temps face à un être millénaire, né de l’énergie dispersée lors de la rupture de la Grande Alliance. La lutte repris, et il ne fallu pas plus de quelques minutes pour dévaster une bonne partie des appartements de la sorcière de la tour, et les baies vitrées volèrent pour la plupart en éclats. Morceaux de verre et de pierre se mêlaient dans la poussière blanche volant dans l’air. Mais surtout des flux magiques ainsi que de nombreuses sphères. Les Fienpoti guettaient depuis l’étage inférieur la route venant depuis Magilia-la-cité et du Portail. Les représentants devaient arriver pour reformer une alliance, mais les jeunes sorciers savaient qu’ils allaient en réalité se retrouver confrontés à une lutte difficile, qu’ils devraient véritablement s’allier et que l’Alliance viendrait naturellement. Il restait sans doute encore une heure à patienter… Si ce n’était plus…

Les représentants des Cinq Mondes se tenaient côte-à-côte, et dirigeaient les soldats qui combattaient l’armée de la Peur. Magie et technologie, Mages et Niumadins se mêlaient et combattaient ensemble. Il en était de même chez leurs adversaires, et des lances, poignards et même des balles de pistolets s’échangeaient ente les deux camps, en parallèle de sphères de multiples couleurs, mais aussi de sortilèges qui immobilisaient des soldats au sol par exemple. Sur le plan défensif, d’épais gilets et des boucliers magiques s’allaient pour mieux résister, mais les deux côtés ayant des armes égales, les champs de forces volaient en éclats dans les deux armées. L’alliance était finalement là, les combattants ne savaient pas si ceux à côté d’eux étaient du même monde ou pas. Et peu leur importait. Si Muriel avait pris un risque énorme en ouvrant son monde à ce combat et à la Peur, ce n’était pas pour le laisser tomber dans de noires griffes, mais pour définitivement vaincre le Sorcier Noir. Une heure passa, et la lutte n’avançait pas. Les forces s’égalaient, et malgré la présence de dragons conduits par Hélène Dudragon, l’issue restait incertaine. Mais les Cinq Mondes continuaient de lutter ensemble, et s’ils devaient chuter, ce serait également ensemble.