samedi 14 juin 2008

Chapitre 10 : La route de la Forêt Ancestrale

Châteauor se réveilla sous un beau soleil dans le ciel bleu. Avant que la Peur n’arrive en Armont, cette journée aurait été merveilleuse, mais depuis que le Sorcier Noir en avait pris le contrôle, les Châteauorois n’avaient guère de temps à consacrer aux loisirs et aux divers divertissements que la ville ne manquait pas d’offrir. Toutefois, depuis que les Fienpoti avaient réussis à emmener la famille royale, et que des Fées et Elfes étaient venus, de multiples émeutes éclataient dans tous les quartiers de la capitale chaque jour. Et cela se produisait également dans les autres villes du pays. Le Mage Ténébreux, occupé à maintenir la terreur dans d’autres mondes conquis par lui-même des siècles auparavant avait relégué la lourde tâche de freiner les révoltes à son serviteur Kotoin. Ce dernier était autrefois un habitant d’Heucalia qui avait rendu visite aux rois et reines de la Magiterrae, mais la Peur l’avait kidnappé pensant ainsi pouvoir entrer dans son monde. Heureusement pour Heucalia, Kotoin, une fois convertit de force au Mal, n’avait pu ouvrir le Portail. Seul le message dicté et fait envoyer par la Mal Suprême sur ce qu’Antoine avait surpris dans un rêve avait redonné un motif au Sorcier des Ténèbres de tenter d’aller à Heucalia, monde qu’il avait oublié depuis treize ans. Du moins, treize ans qu’il avait décidé de conquérir quand il en aurait l’occasion. Il savait qu’à Fept un arbre d’or, qui avait été considéré comme simple décoration, avait été pris par les Fienpoti, or dans un vieil ouvrage un certain arbre d’or était mentionné comme étant le Grand Trésor de la Magiterrae. S’il avait pris la peine de regarder dans des livres traitant des cinq Mondes, il l’aurait découvert plus tôt. Mais le prix avait été élevé pour les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs. En effet, deux Fées et deux Elfes étaient, selon les mages présents sur place, devenus de minuscules particules qui s’étaient dispersées. Cela ne pouvait signifiait qu’une seule chose : ils étaient morts. Maintenant, ces petits imbéciles qui se croyaient aussi fort que lui, le Magicien Maléfique de deux fois millénaire, étaient partis dans le monde de la Lumière, et avaient verrouillé le Portail de là-bas. Cela faisait trois jours maintenant, mais il avait pris le Cœur de l’Océan aux habitants de Terlatour, village qu’il n’avait pas détruit à la seule condition que ses habitants envoient les trois-quarts de leur production à lui-même, et qu’ils laissent la Tour comme maison de repos pour ses plus grands et importants comandants et mages. Le Triangle des Trois Forces allait, si ce n’était déjà le cas, être dans les mains des Fienpoti. Il restait donc les Grands Trésors de Tropon et de Xétou. La Peur fit appeler Kotoin, et lui demanda de se rendre à St Dragon, et de menacer Hélène Dudragon d’envahir son pays si elle n’acceptait pas de donner le Grand Trésor qui était en sa possession. Le Sorcier Noir devait se rendre de nouveau dans le monde de la Terre afin de rallier des dirigeants de certains pays à sa cause. Certains devaient leur place à l’aide fournie par le Sorcier Ténébreux, qui avait donné des armes, des hommes et des sorciers, qui avaient bien évidemment agit sous couvert. Il restait maintenant à démontrer à d’autres que le choix était limité : soit ils l’aidaient, soit ils seraient éliminés. Toutefois, il restait les Fienpoti, ainsi que les Mages des Temps et le Peuple Magique. Sans compter les anciens Fienpoti qui étaient introuvables, alors qu’ils avaient été aperçus après qu’il ait pris le Château. Toutefois, le plus important était d’arriver le premier à Heucalia afin de détruire ce qui pourrait le vaincre, et utiliser la puissante Magie qui régnait en ce monde afin de prendre possession des Quatre Pouvoirs. La Peur avait également d’autres objectifs, car étant bénéficiaire de l’aide du Mal Suprême, elle se devait d’œuvrer dans son sens en plus du sien. Dans sa précipitation, elle omit de donner les pleins pouvoirs à un de ses commandants envers les révoltes…

Les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs gravirent les marches de l’escalier menant au sommet de la Tour d’Heucalia. Muriel les attendait comme dans le rêve semblable qu’ils avaient eu lors de leur passage à la Cité aux Fées, et après leur avoir souhaité une nouvelle fois la bienvenue, elle parla rapidement, sans leur laisser le temps de poser une seule question : « J’ai une mauvaise nouvelle à vous annoncer, que j’ai apprise aujourd’hui : la Peur détient le cœur de l’Océan, le Grand Trésor de la Terre. La Peur a donc pris entièrement possession de Terlatour puisque c’était dans le tour de Pierre Monbikand qu’il était. Je sais que vous êtes dans le monde de la Lumière. Dès que vous aurez le Triangle des Trois Forces, rendez-vous dans le monde de Tropon, à Saint Dragon, et allez voir la Princesse Hélène Dudragon afin qu’elle vous confie le Grand Trésor de son monde. Je sais où il est, mais je ne le dis pas car nous savons que les rêves ont des oreilles attentives. Je vois que vous vous demandez comme je sais tout cela : je vous l’expliquerai quand je vous verrais dans la réalité. Sachez que vous trouverez là-bas quelqu’un qui vous aidera dès qu’il entendra mon nom cité. Demandez à Hélène l’un des Treize, elle comprendra. Cette personne vous aidera dans votre quête. Et sachez que je sais comment Antoine, le serviteur du Mal Suprême qui a intercepté notre conversation, a pu le faire. Je vous l’expliquerais en temps voulu. Et je tiens à vous féliciter pour avoir sauvé la famille Rigalor, même si le prix à payer vous paraît élevé. Sachez que vous devez vous préparer à affronter des ennemis et à vivre des choses qui vous convaincrons que la libération de la famille royale n’était qu’une « promenade de santé ». Sachez que vous aurez toujours de l’aide, et que si vous désirez me parler, pensez fort à moi avant de vous endormir. Peu à peu, vous arriverez à m’inviter à venir vous voir. J’espère que la prochaine fois que nous nous verrons je pourrais vous en expliquer plus sur l’art de communiquer par les rêves. Bonne chance». Comme après le précédent rêve qu’ils avaient fait à la Cité aux Fées, les Fienpoti replongèrent dans leurs rêves, qui se transformaient rapidement en cauchemars où la Peur régnait sur les Cinq Mondes…

Antoine quitta le rêve dans lequel il était plongé et se réveilla. Muriel déclarait connaître ce qui lui permettait d’intercepter les petites messes basses entre elle et ces petits sorciers de pacotille. Elle le savait ? Et elle comptait le leur dire ? Soit, il écouterait afin de le savoir, car lui-même y était parvenu accidentellement, mais avait retenu la technique à utiliser. Se projeter. Toutefois, Muriel se doutait qu’il écoutait attentivement leurs conversations. Comment voulait-elle pouvoir leur parler, sachant qu’il entendrait tout ?

Thierry et Coralie se promenaient dans la forêt du Montaiguet, après être allé acheter des objets de décorations dans des boutiques d’Aix en Provence. Un sortilège leur avait été lancé par des mages de la Peur afin de savoir en permanence où ils étaient, et les empêcher de s’enfuir au-delà de la capitale de la Provence. Un peu de liberté qui semblait être devenue plus qu’un trésor précieux depuis que la Peur était arrivée à Terlatour et avait exigée le Cœur de l’Océan. Il avait tué deux mages qui avaient refusés de se soumettre. Thierry avançait aux côtés de sa sœur sur le sentier qui reliait la clairière où se situait le Portail avec leur maison et la tour. Ils songeaient à leurs amis, les Fienpoti, avec qui ils avaient passé d’agréables moments de jeux, de discussions, d’échanges sur la Magie et d’autres activités plaisantes comme des promenades ou des soirées ensembles. Depuis le départ de leurs amis moins de deux semaines auparavant, le temps semblait s’être écoulé plus que lentement, avec l’arrivée du sorcier Noir, l’envoie d’émissaires puis sa venue en personne. Ils espéraient que leurs amis allaient parvenir à réunir suffisamment de monde et à au moins repousser le Mage Ténébreux. Après tout, ils étaient quand même les Fienpoti !

Le soleil se leva sur Alider la Grandiose, et ses rayons traversèrent les volets du palais et tombèrent sur le visage des Fienpoti dans leurs chambres, qui se réveillèrent doucement. Après leur toilette matinale, ils descendirent prendre leur petit-déjeuner, et furent rejoints par la famille Rigalor et Nollio. Après leur avoir souhaité bonne chance, les deux familles royales les laissèrent à proximité de leur coche dans la grande cour de l’écurie après leur avoir souhaité bonne chance. Henri arriva accompagné de Julien qui tirait un coffre en bois roulant, contenant des ouvrages à livrer à la bibliothèque de Riliou qui les avait commandés pour des prêts. Ils saluèrent les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs, et ces derniers furent invités à prendre place dans le coche. L’intérieur était rempli de coussins et de sièges moelleux. Pour de longs voyages, la famille royale et les utilisateurs bénéficiaient d’un habitacle où on pouvait aussi bien s’asseoir confortablement sur les fauteuils que sur le sol. On pouvait même s’y allonger car il était plus que propre et bien entretenu. Ainsi les passagers pouvaient voyager agréablement et s’asseoir par terre, même en tailleur, jouer, dormir allongé tout en ne prenant pas toutes les places. Cela parut étrange aux jeunes sorciers, mais ils décidèrent de tenter un voyage dans ces conditions qui n’avaient pas l’air désagréables. Très rapidement, le coche se révéla très confortable, et ce fut bien assis sur les sièges qu’ils traversèrent la ville en direction de la porte Est. Les bâtisses se succédaient au bord des grands boulevards, et très rapidement la porte Est apparut. Après avoir traversé la grande arche de pierre qui enjambait la large route qui quittait la ville, le rigiou prit de plus en plus de vitesse, et les bourgs de l’agglomération alideroise disparurent, tandis que les champs se succédaient, offrant une palette de toutes les nuances de vert. La plaine était à certains endroits vallonnée, et la route descendait jusqu’à un petit village au bord d’un étang alimenté par une rivière qui était traversée par la route, puis continuait vers l’Est. Cela faisait déjà trois heures que les jeunes sorciers étaient montés dans le coche lorsque le grand chemin s’engouffra dans un bois de chênes. Il faisait froid, et Henri était plus que satisfait d’être aux trois-quarts abrité, par deux parois de bois latérales et une troisième au-dessus de lui. Il bénéficiait même d’une fenêtre coulissante par laquelle il pouvait aisément discuter avec les Terriens. Le groupe était en train de parler du monde de la Lumière. Henri déclara : J’aime cette route, car elle passe par des bois, par des collines verdoyantes, et elle est calme bien qu’elle soit somme toutes passante.
- Je trouve que la Lumière est une belle contrée, dit Alice. Tout est si beau, si merveilleux… Le paysage est reposant, et vivre dans ce monde ne me dérangerait nullement.
- Ce que j’aime dans ce monde, c’est la flore qui est omniprésente, ajouta Fabien. Il y a beaucoup de bois, de plaines vertes, et Alider était vraiment fleurie ! Tout comme les villages qu’on a traversé et longés ! Et je présume que c’est le cas pour toutes les cités de ce monde.
- En effet, nos villes sont très fleuries, confirma Henri. Ce n’est pas étonnant que le Peuple Magique se sente si bien en Lumière.
- Et si nous nous arrêtions juste cinq minutes afin de profiter de la sérénité de ce bois ? proposa Inès dont les pensées vagabondaient au milieu des arbres qui se succédaient.
- Bien sûr ! acquiesça Henri. Cet endroit m’a l’air parfait. »
Le rigiou ralentit, puis dès que le coche s’immobilisa, le groupe descendit. Les oiseaux chantaient, et le vent murmurait à travers le feuillage des grands chênes. Rien ne troublait la sérénité de ce petit bois, excepté le son clair de la petite rivière qui le traversait. Cette rivière était celle qui passait par le village au bord de l’étang, qui prenait sa source sur une colline, et se jetait au niveau de Riliou dans la Suridiane. Cette forêt évoqua aux Fienpoti le souvenir du massif du Montaiguet, à côté de chez eux, où se situait Terlatour désormais aux mains de la Peur. A côté de la ville où ils vivaient encore en Niumadins ignorant l’existence de la Magie quelques mois plus tôt à peine. Les quatre jeunes sorciers ne purent s’empêcher de verser quelques larmes. Henri leur offrit une petite collation, et après avoir marché un peu, ils remontèrent dans le coche, et celui-ci repartit sur la route. Deux heures après, les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs lisaient les livres que Julien leur avait offert, découvrant à chaque instant de nouvelles choses sur des mondes qu’ils ne connaissaient que de nom, voire des mondes dont l’existence même ne leur avait jamais effleurée l’esprit. Ils ne tardèrent pas à s’endormir après une halte, d’autant plus que le déjeuner à l’auberge de La Petite Vallée, dans le village du même nom, avait été copieux. Ils se réveillèrent une demi-heure après, et décidèrent de savourer le fabuleux paysage. Le vert était la couleur dominante, même si du gris apparaissait au lointain, vers l’horizon où le soleil se coucherait. Au vu de la carte présente dans l’un des quatre tomes de la géographie et description des mondes, ce ne pouvait qu’être les Monts du Crépuscule. De l’autre côté, à, l’Est, s’entendaient une multitude de collines verdoyantes. Le soleil avait disparu, caché par de sombres nuages. La pluie commença à s’abattre sur le vert paysage, et les gouttes se multipliaient sur les vitres latérales et arrière du coche. Une heure après, la route commença à descendre vers la vallée de la Suridiane, et vers la ville de Riliou. Cette cité figurait parmi les plus importantes de la Lumière, derrière Alider, Les Contreforts des Monts du Crépuscule et Illion sur Suridiane. Elle s’étalait des deux côtés de la grande rivière, et une dizaine de ponts relaient les quartiers sud-est aux quartiers nord-ouest. Il y avait même un petit port. Les quartiers au nord-ouest de la ville étaient majoritairement composés de grandes demeures, et représentait un dixième de la superficie de Riliou. Une demi-heure plus tard, les Fienpoti pénétraient dans la cité, et les jeunes sorciers regardaient les grandes avenues, les passants, les magasins, les auberges, les enfants qui jouaient dans des rues transversales plus calmes, les fleurs qui ornaient toutes les façades et qui bordaient les rues, les arbres dont le feuillage était visible au-dessus des murs cachant des jardins privés, les immeubles de trois étages avec des colombages, des murs d’un blanc étincelant, et la pluie qui continuait de tomber inlassablement, indéfiniment. Le coche s’arrêta devant une auberge dont l’enseigne indiquait « Le Repos Riliouois ». Les passagers prirent le peu d’affaires qu’ils avaient. Après qu’Henri eut payé au grand aubergiste la somme nécessaire pour trois chambres, une pour lui, une seconde pour les trois filles et la troisième pour Fabien, ils montèrent dans celles-ci afin de déposer leurs bagages, et ils redescendirent immédiatement après. Le Lumierois devait apporter une trentaine d’ouvrages à la bibliothèque, et le groupe prit donc la direction de celle-ci. La pluie tombait toujours, et le soleil, que l’on devinait à travers les nuages, se dirigeait de plus en plus vers l’horizon. Les Riliouois ne se hâtaient pas de rentrer à l’abri, et profitaient de la soirée festive qui s’annonçait. Henri découvrit en même temps que les Fienpoti qu’une soirée dansante était prévue sur la place principale, et que la pluie n’empêcherait pas les Riliouois de faire une fête en l’honneur de leur ville. La bibliothèque se situait sur cette place, au bout de l’avenue sur laquelle se situait l’auberge du « Repos Riliouois ». Le groupe se déplaça tranquillement, nullement gêné par les gouttelettes qui s’échappaient de la grise couverture céleste. De plus en plus de monde se dirigeait vers la Place de la Suridiane où les festivités devaient se tenir. Le centre de la place avait été dégagé afin de créer une vaste piste de dance, et des buffets avaient été installés tout le long, avec de multiples bancs. Le bibliothécaire, un homme d’âge mûr, aux courts cheveux bruns et aux yeux verts perçants, les accueillit chaleureusement, et porta lui-même la malle contenant les ouvrages qu’il avait commandé à son collègue Aliderois. Après avoir déposée celle-ci à côté du bureau de prêt, il discuta quelques minutes avec Henri, parlant de la rénovation de la Bibliothèque Royale d’Alider, de la nomination de Julien comme professeurs des Ecrits auprès des étudiants de dernière année plus jeunes que lui de quelques années seulement, et des nouvelles de l’Armont. Après avoir expliqué la situation en Armont, les jeunes sorciers s’étonnèrent que Julien n’ait annoncé au roi sa nomination alors qu’elle avait eu lieue le jour même de la Fête du Livre, et que le jeune passionné des ouvrages s’était empressé d’avertir son ami à Riliou. La réponse était que sans doute le jeune bibliothécaire désirait faire la surprise au roi qui l’avait soutenu depuis très longtemps dans son désir de travailler auprès des livres. Un littéraire engagé comme Julien était un sujet de toutes les attentions. Le groupe ressortit afin d’assister aux festivités qui débutaient, et Inès regarda longuement le ciel, murmurant « Ce serait bien que la pluie cesse quelques heures pour reprendre à la fin de la fête. Cela serait vraiment bien ». Quelques minutes plus tard, la pluie cessait, tandis que s’ouvrait le bal. Le soleil, toujours caché par les nuages, venait de disparaître, et la Lune montait prendre la place de l’astre lumineux, visible grâce à une trouée. De nombreux jeunes gens dansaient, à côté de couples composés de personnes plus âgées. Le buffet fut également le centre d’attention de bon nombre de Riliouois, tout comme de celui des Fienpoti. Une fois repus, ils dansèrent un peu. Ils rencontrèrent à un moment de la soirée un mage d’une quarantaine d’années qui leur parla un peu de la Magie : « Je ne suis pas réellement spécialisé dans un domaine, comme un bon nombre des sorciers, d’ailleurs. Ce que je fais beaucoup, ce sont des potions et des sorts de guérison. J’ai toujours été assez bon dans ce domaine.
- Nous avons déjà fait quelques potions et appris quelques incantations de guérisons à Terlatour, fit Fabien, mais nous n’avons guère eu le temps de nous perfectionner. Nous avons toutefois guéri deux oiseaux à l’aide d’une potion à base de Femligrior et de Geroflia, et avec un sort qui a permis d’accélérer un peu la circulation sanguine des oiseaux afin que l’effet bénéfique de la potion se répande plus rapidement dans leurs corps.
- Je crois que vous être spécialisé dans la flore ? demanda le mage.
- Oui, et contrairement aux animaux j’ai eu bien plus d’occasions de m’exercer sur des plantes ou des arbres. Avec succès, heureusement !
- Et que guérissez-vous, cher monsieur ? questionna Nedjma.
- Je guéris les humains, ce qui est plutôt prenant comme métier. J’ai la chance de pouvoir compter sur un auxiliaire Niumadin qui connaît la propriété de bon nombre de végétaux, et qui peut donc s’occuper des potions tandis que j’opère la guérison à l’aide de sorts complémentaires. »
Les jeunes sorciers échangèrent durant près d’une demi-heure avec le sorcier sur un fond musical qui se composait de violons, flûtes, harpes, cymbales, saxophone, et bien d’autres instruments à cordes et à vent. La soirée s’acheva aux alentour de minuit, et chacun se dirigea vers sa maison, tandis que les employés municipaux débarrassaient les tables et que les musiciens rangeaient leurs instruments. Les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs rejoignirent l’auberge où ils logeaient, et s’endormirent quelques minutes à peine après être arrivés dans leurs chambres. La pluie recommença à s’abattre sur Riliou, et s’intensifia, comme si les nuages voulaient rattraper le temps qu’ils avaient passé à se contenter de dominer de haut la ville. Ou bien comme si quelqu’un avait empêché l’eau de s’échapper entre les doigts célestes…

Le lendemain, ils quittèrent rapidement la ville de Riliou, et au bout de deux heures apparut l’orée de la Forêt Ancestrale. Un violent orage sévissait sur la région Riliouoise, et le coche ne cessait de faire jaillir de tous les côtés de l’eau provenant de la route. La pluie était plus importante que la veille, et le ciel sombre contrastait avec l’éclat vert de la forêt qui était de plus en plus proche. Une demi-heure plus tard, la route pénétra dans le forêt, et un panneau indiqua qu’il restait encore deux heures de route avant d’atteindre le Temple de la Forêt Ancestrale, situé dans une vaste clairière. Les terriens espéraient qu’ils auraient les Grands Trésors manquants avant le Mage Noir… Deux Grands Trésors pour eux, et un pour la Peur. Cinq étant un nombre impair, il y aurait forcément un gagnant, et donc un perdant dans cette « course » vitale. Le Sorcier Ténébreux allait sûrement tenter quelque chose pour récupérer l’Arbre d’Or qu’ils avaient, et le Triangle des Trois forces qu’ils allaient obtenir. La joie qu’ils avaient eue lors de leur bref repos à Alider et à Riliou s’estompait tandis que la réalité d’un combat imminent et d’un grave danger grandissait à chaque instant…