mercredi 3 décembre 2008

Chapitre 17 : Retrouvailles à Terlatour

Un éclair illumina le ciel des Trois-Îles, dans un balai infini. Pierre, proposa qu’ils se rendent tous à Terlatour, afin qu’y soit tenu la réunion entre les dirigeants des pays des cinq Mondes. La raison du choix de ce lieu était simple : portail dans la ville-même, cadre paisible propice à la réflexion, et également afin que les Fienpoti puissent revoir leurs familles, même si cela serait assez bref. La nouvelle de la perte de l’Armont pour la Peur était une excellente nouvelle, et avoir les cinq Grands Trésors également. En plus, le portail de Fept pourrait être aisément surveillé. La seule difficulté résidant en le fait d’attirer la Peur à Heucalia tout en empêchant qu’elle ne s’empare de ce monde. Mais cela serait pour plus tard. Les Fienpoti se sentaient faibles, comme les deux mages des temps blessés, et même le troisième, Magior, aurait volontiers accepté une journée de repos, surtout avec la fatigue accumulée avec la gestion des réparations des dégâts à Saint Dragon. Le petit groupe fut transféré jusqu’au portail, la grande automobile utilisée pour cela circulant dans des rues désertes, la tempête étant toujours là, et les pluies s’abattant toujours davantage. Une fois le Portail ouvert, le groupe fut amené à la tour où ils purent s’offrir une longue nuit de sommeil. Les soldats et commandants en repos avaient quittés vers midi Terlatour afin d’apporter leur aide à Châteauor, en vain. L’armée de la Peur s’était enfuie vers Fept, puis s’était résignée à fuir vers Jiriond. En une après-midi, l’Armont avait été libérée. Et cela grâce à la précieuse aide d’une grande partie du Peuple Magique, qui s’était mobilisé contre la Peur, venant en aide aux Armonois. Le lendemain, Pierre rédigea tôt le matin des lettres destinées à Hélène Dudragon, à Firion Nollio et à Jacques Rigalor bien qu’ils soient tout deux à Alider. Il avait besoin de leur aide pour ce qu’il comptait faire. Et l’aide des Mages des Temps serait précieuse. Aller révéler à des milliards de terriens que d’autres mondes existaient, ainsi que la Magie ne serait pas une tâche aisée, loin de là. Les Fienpoti redécouvrirent la bibliothèque de la Tour avec joie. Celle leur avait souvent servi de salle d’enseignement théorique, avec Pierre comme maître. Les Quatre Sorciers retrouvèrent leurs vélos à l’endroit où ils les avaient laissés, mais la fatigue se faisait encore sentir, et la marche à pied parut préférable. A neuf heures ils étaient déjà devant la maison de leurs amis de Terlatour, Coralie et Thierry. Les retrouvailles amicales furent joyeuses, et les aquisextains furent invités dans la demeure des jeunes sorciers. La matinée s’écoula paisiblement, les Fienpoti contant leurs aventures ayant transformé un voyage en Armont à un véritable périple à travers quatre mondes. Quelques journées seulement séparaient le début de leur voyage à ce jour de retrouvailles, mais cette courte durée semblait si longue. Ils sortirent après un déjeuner chez leurs amis, et se rendirent au cœur du hameau, où ils furent chaleureusement salués. Les habitants étaient ravis de les revoir, et les Fienpoti furent heureux de voir la joie sur leurs visages. Après ils se rendirent toujours en compagnie de Thierry et Coralie à l’atelier. Le souvenir de quelques potions réalisées par eux-mêmes en ce lieu s’imposa aux Quatre Sorciers. La dernière fois remontait à un mois, et cela leur paraissait être une année…Mais au moins ces aventures auront permis de préparer le dernier combat contre la Peur. Car une fois la Peur attirée à Heucalia, s’ils ne parvenaient pas à la vaincre, il en serait sans doute fini…



Muriel marchait sur le large chemin reliant la Tour au grand village. Les Heucaliens se réjouissaient de la défaite de la Peur, qui s’était repliée à Calor. La Mage des Temps ne pouvait que se réjouir de cette merveilleuse nouvelle. Même si elle savait que Heucalia aurait un rôle important à joueur lorsque la Peur aura été attirée à Heucalia pour la défaire, les Fienpoti, les Mages des Temps hors d’Heucalia connus et les représentants de la Lumière, de Tropon, de Xétou et de l’Armont en auront un grand également, et celui-ci avait déjà débuter. Tenter de rallier la Terre à leur cause, alors que la Magie n’existe pas pour elle, était malaisée. Mais il fallait y arriver. La sorcière entra dans la tour, et se dirigea vers les Salles des Archives. Elle aimait se rendre dans le dédale de pièces contenant l’histoire d’une multitude de mondes. Elle était gardienne de ce savoir, regroupant des écrits du Peuple Magique, des Humains, des Gnomes… L’entrée des Salles des Archives se situait au rez-de-chaussée de la Tour, mais elles descendaient dans les profondeurs. On pouvait accéder aux salles du sous-sol par les tunnels reliant la Tour aux grottes souterraines et sous le Portail. Ces galeries voyaient circuler une rivière souterraine, mais elles étaient suffisamment large pour laisser plus de la moitié de la largeur praticable. Depuis l’étage le plus profond des Archives un escalier donnait sur le tunnel. Muriel songeait à tout cela, et à sa mission de Mage des Temps. Conserver le savoir n’était qu’une tâche parmi d’autres. Aider tous les peuples, animaux et végétaux en faisait parti, ainsi que représenter la Magie. Treize représentants des Sorciers. Tandis que les Fienpoti faisaient davantage la liaison entre tous les éléments et êtres vivants, et en réalité aidaient bien plus que les peuples, car ils aidaient tout ce qui existe. Malheureusement, seuls quelques Mages des Temps étaient connus, Pierre, Magior, Marco et elle-même. Toutefois, elle pensait avoir découvert un futur Mage des Temps à Heucalia, une adolescente de presque quinze ans qui lui avait parlé une nuit pendant quelques instants. Le fait qu’elle lui ait raconté cette anecdote sans penser à sa signification montrait qu’elle s’en souvenait, une des caractéristiques des rêves que faisaient les Mages des Temps. La Sorcière de la Tour Sacrée d’Heucalia croisa Jenny, qui du déjà à presque quinze ans, avec de beaux cheveux blonds tombant en cascades sur ses épaules soulignaient son visage aux traits fins, mettant en valeur ses yeux d’émeraude en amande, son nez droit et sa bouche fine et ses lèvres délicates. Sa fine silhouette se découpait dans la pénombre d’une allée. La jeune mage s’inclina devant Muriel De Potel, qui lui sourit et l’invita à s’asseoir avec elle dans un petit salon de lecture à proximité. Elles allaient avoir une grande conversation…



Nathan savourait la joie des retrouvailles. En effet, ses parents venaient d’arriver, et lui avaient expliqués qu’ils s’étaient réfugiés trois jours chez leurs amis à Oyan avant de se rendre à Métrolavita chez d’autres amis, en tentant de rester à l’écart des troubles. Ils n’avaient pas osé rentrer à la Source aux Quatre Fleuves à cause de ce qu’ils avaient pu voir à la télévision sur l’arrivée des soldats de la Peur dans la Montagne Grise. Et ils avaient décidés de se rendre à la Cité aux Fées après dès que la Peur s’était enfuie à Calor dans le monde de Jiriond. Ce n’était que la veille, mais il leur avait fallu peu de temps pour recontacter une connaissance dans la Montagne Grise qui leur avait parlé de la fuite de tous les enfants à la Cité aux Fées. Mais maintenant c’était fini, et Nathan avait retrouvé ses parents, tandis que les enfants allaient retrouver les leurs dans sans doute quelques heures…



Les Fienpoti rentrèrent à la Tour tandis que la nuit tombait. Il n’était que six heures du soir, mais la nuit hivernale arrivait déjà. Thierry et Coralie les accompagnèrent à l’intérieur, et Pierre leur informa qu’il avait reçu la visite de l’aubergiste de Terlatour qui les invitait à dîner. Les deux Terlatourois les laissèrent, d’autant plus que le lendemain ils devaient se rendre au collège de Fept. En effet, les jeunes habitants de Terlatour étaient scolarisés dans la ville des Quatre Eléments, et franchissaient le Portail matin et soir pour s’y rendre puis rentrer dans leur village. Le dîner au petit restaurant de l’auberge aux dix chambres fut joyeux, les Fienpoti retrouvant un décor familier. Pierre leur révéla qu’une réunion entre représentants des Cinq Mondes allait avoir lieu une semaine après. Enfin, la Terre ne pourrait être représentée, mais cette première réunion allait précéder l’annonce de l’existence des autres mondes, de la Magie et de tout ce qui était relatif aux Terriens. La soirée passa tranquillement, les mets savoureux furent mangés entièrement, et il fut l’heure de se coucher.



Hélène avait appris la nouvelle, et se sentit revivre. La Peur repoussée ! Quelle joie ! Et la semaine suivante une réunion était prévue pour parler de la suite des évènements. Magior lui aussi se sentait soulagé. La princesse et le Mage des Temps allaient tout deux s’y rendre, et se trouver à quinze minutes de la Tour de Terlatour gommait tout souci de voyage. Les travaux continuaient d’avancer, et encore moins de traces de la bataille étaient visibles comparé à la veille. Une véritable lueur d’espoir flottait au-dessus de Saint Dragon…



A Calor, dans le Temple du Mal Suprême, la Peur s’inclina devant l’essence du Mal Suprême, Chantal, la Grande Prêtresse se tenant sur le côté, Antoine de l’autre. Après une heure de sifflements coléreux du Mal, et après maintes excuses du Mage Noir, l’atmosphère se calma quelque peu. Chantal proposa d’attendre jusqu’à ce que le Portail de Fept soit ouvert vers Heucalia, et de frapper massivement à ce moment-là, car bien évidemment les cinq Mondes assureraient la défense du Portail… Tous y avaient déjà pensé, mais dire ce que les autres pensaient avait pour effet de dévier la conversation, et de calmer leur maître qui voyait d’autres perspectives se dessiner… Attendre… Puis agir…