dimanche 9 septembre 2007

Chapitre 6 : La Forêt aux Fées - La Cité et le Palais

Jassifiadine vint elle-même chercher les Fienpoti et Nathan le lendemain matin, après leur petit-déjeuner. Elle s’assura qu’ils avaient tout ce qu’il fallait, et annonça aux Fienpoti qu’ils allaient visiter la Cité avec une Fée et un Elfe de leur âge, et que les petits Sourçois allaient être pris en charge par trois Fées. Le petit groupe arriva dans le hall du Palais, et eurent le souffle coupé. Des colonnes en marbre blanc, en alternance avec des noires, soutenaient le haut plafond, et dessinaient une allée de la grande porte d’entrée à celle de la salle du conseil. Des dalles, également en marbre blanc ou noir, renforçaient le sentiment de dualité. Fées et Elfes. Elfes et Fées. Deux noms, et un seul peuple. On voyait devant la porte du conseil une grande dalle où le blanc et le noir formaient une spirale infinie, indiquant le mélange et l’union. Des Fées et des Elfes passaient et traversaient la salle en tout sens. Des escaliers et un grand nombre de portes donnaient sur le hall. Une porte noire s’ouvrait, une blanche se fermait, quelqu’un empruntait un escalier aux marches blanches, et quelqu’un d’autre descendait des marches noires. La symétrie régnait dans le palais. De grandes fenêtres s’ouvraient en hauteur sur un ciel bleu, et un grand vitrail se situant au-dessus de la porte d’entrée laissait passer la lumière du jour à travers le dessin d’une Fée et d’un Elfe main dans la main. Les couronnes de ces deux personnages laissaient deviner leur caractère royal. Après avoir posé la question à Jassifiadine, les jeunes sorciers surent qu’il y avait une Reine-Fée et un Roi-Elfe dans le Château-Blanc, situé dans le monde de Ragagnion.
Un jeune Elfe et une Fée de l’âge des Fienpoti vinrent à leur rencontre, et il dit :
- Bonjour, je m’appelle Ullior Formions. On va vous faire visiter la Cité.
- C’est un plaisir que de faire découvrir à des Terriens, à un Sourçois, et surtout aux Quatre Sorciers Aux Quatre Pouvoirs notre cité ! s’exclama Elmardie, la fée.
- Nous vous remercions, déclara Inès, et nous sommes enchantés de faire connaissance avec votre peuple.
- On y va ? demanda Ullior.
- Allons-y ! firent les jeunes mages dans un bel ensemble.
Jassifiadine leur souhaita une bonne journée, puis se dirigea vers la Salle du Conseil tandis que le petit groupe sortait du Palais.

Une grande avenue partait du perron du Palais et continuait en ligne droite jusqu’à la sortie de la cité. De magnifiques maisons, avec des tourelles, des pignons, de fenêtres à meneaux, et de portes finement ouvragées étaient visibles derrières les haires qui entouraient chaque maison, et la séparait de la rue. Des portillons en fer forgé permettait d’accéder dans les jardins de ces belles maisons fées et elfiques. L’avenue était bordée par des amandiers, et de jeunes fées et elfes jouaient sous un arbre, ou couraient. Le petit groupe s’arrêta devant une porte dont le fer avait été modelé afin de représenter un papillon aux ailes déployées, et dont le corps était séparé en deux lorsque qu’on ouvrait la porte. Elmardie et Ullior conduisirent les Fienpoti et Nathan à travers le jardin où régnait une ambiance de sérénité, avec des pierres disposées joliment, une petite fontaine, des oiseaux chantant doucement, et des massifs de fleurs. Le jeune elfe poussa la porte d’entrée, et les apprentis sorciers découvrirent un magnifique hall d’entrée, qui donnait sur un escalier en bois, sur une cuisine et un salon. Des tableaux représentant des arbres, des fleurs, des animaux, et des montagnes ornaient les murs, et des meubles en bois rendaient la maison chaleureuse. La jeune fée et son frère invitèrent les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs et Nathan à s’asseoir dans de très confortables fauteuils tandis qu’ils préparaient des rafraîchissements. Une horloge attira le regard des réfugiés lorsqu’elle sonna dix heures. Deux tiges qui s’enroulaient sur elles-mêmes passaient dans deux anneaux accrochés à l’horloge, un au-dessous et l’autre au-dessus. Ces tiges se terminaient avec une unique, mais ravissante feuille verte. Elle semblait si féérique, si elfique ! Elmardie et Ullior revinrent de la cuisine avec des boissons, et discutèrent avec le petit groupe.
- Comment trouvez-vous le Palais ? demanda Elmardie. D’ici une demi-heure, nous allons visiter un peu la Cité.
- Il est magnifique ! répondit Fabien. Je n’aurais jamais imaginé voir un palais aussi beau un jour.
- Vous avez de belles choses sur la Terre, mais avec tous les temples, châteaux, palais que l’on peut trouver dans les Cinq Mondes, vous n’aurez pas fini de tout admirer, déclara Ullior. Déjà, rien que les Portails sont des vrais chefs d’œuvres de la Manufacture des Gnomes. Ce qui est étrange, c’est que chaque humain qui voit le Palais des Fées, ou le Temple de la Forêt Ancestrale du Monde de la Lumière, ainsi que le bois des Elfes dit que c’est la plus belle chose qu’il ait vu. Pourtant, la première fois que j’ai vu le château royal de Châteauor, j’ai été époustouflé. Surtout avec le jeu de lumière au crépuscule.
- Et que dire de la bibliothèque et du château d’Alider ! s’exclama Elmardie De magnifiques boiseries, la fresque de la fontaine, de la pierre joliment sculptée…
- Où se situe cette ville d’Alider ? questionna Alice.
- C’est, comme le Temple de la Forêt Ancestrale, dans le Monde de la Lumière, expliqua Nathan. C’est une très jolie ville.
- Et le roi est si gentil ! fit Elmardie. Je l’ai vu il y a six mois alors que j’étais en vacances chez ma cousine au Temple. Il était venu voir les Conseillers au sujet d’un Grand Trésor, et je lui ai même parlé, car ma cousine est la fille de la Conseillère.
- J’aimerais bien visiter les Cinq mondes, car on ne connaît finalement que la Magiterrae et la Terre… commença Inès. Enfin, ce n’est déjà pas si mal, mais il y a tellement de mondes !
- Ne vous inquiétez pas, dit Ullior en souriant, vous aurez l’occasion de les visiter, et dès que la Peur aura été vaincue.
En réalité, les Fienpoti n’auraient pas à triompher de la Peur avant de visiter d’autres mondes…

Jassifiadine et Blimont avaient réunis le Conseil afin de décider quelle position fallait-il prendre dans le conflit entre l’Armont et la Peur. Evidemment, il fut décidé à l’unanimité d’aller apporter de l’aide aux Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs, car il était dans les intérêts de tous que le Mage Noir soit vaincu. Toutefois, malgré la puissance du Peuple Merveilleux, le combat serait difficile. Que faire ? « Nous devons attaquer rapidement et violemment ! s’exclama Blimont
- Certes, dit la Conseillère-Fée, mais quelle stratégie allons-nous adopter ?
- Il faut prendre la Peur par surprise, et attaquer d’un coup, avant qu’elle ait le temps de faire appel à tous les mages et soldats qu’elle a à sa disposition, exposa une fée. Sinon, ce sera bien plus difficile.
- Je pense que nous pouvons faire appel aux Quatre Pouvoirs, non ? demanda un elfe.
- Bien sûr ! répondit Jassifiadine. D’ailleurs, ils ont déclaré hier soir qu’ils se remettaient à nous et mettaient à disposition leurs pouvoirs.
- Et combien de fées et d’elfes pouvons-nous emmener à Châteauor ? questionna un autre elfe
- Une trentaine, je pense, fit une autre fée.
- Bon, déclara Blimont, au travail ! ».

Il faisait sombre dans les couloirs du château royal de Châteauor. Le Sorcier des Ténèbres avançait d’une démarche sûre et hautaine, ne prenant même pas la peine de regarder les serviteurs qui s’inclinaient sur son passage, des êtres qu’il jugeait méprisables. Il croisa un ministre de Jacques Rigalor, et lui ordonna de la suivre. La Peur ouvrit la porte de la grande salle de réunion royale, et regarda avec satisfaction tous les ministres s’incliner devant lui. Lui, enfin le maître de l’Armont. Tout lui réussissait. Tout. Excepté un minuscule détail : les Fienpoti, qui s’étaient réfugiés chez les Fées. Il fallait attaquer, et rapidement. S’ils prenaient par surprise les Fées et les Elfes, il était probable qu’’ils perdent, et que les Fienpoti viennent à lui…
Après avoir mis en place le plan de bataille, que les ministres semblaient réticent à voir appliquer, le Sorcier Noir se rendit dans sa chambre. Il s’assit dans un confortable fauteuil, et réfléchit aux difficultés à surmonter afin d’avoir les Fienpoti rien que pour lui. S’il perdait autant contre les fées, c’était principalement dû au fait qu’il ne maîtrisait pas parfaitement leur Magie. Trois mille ans d’existence, et il ne parvenait toujours pas à percevoir leur Magie ! La Magie des Humains n’était pas la même que celle du Peuple Merveilleux, tout comme elle n’était pas la même que celle des Gnomes, ou des Dragons. Des Magies différentes, mais complémentaires. Mais pourquoi n’arrivait-il pas vaincre la Magie du Peuple Magique ? Pourtant il arrivait à vaincre les Gnomes, comme il l’avait fait à quelques reprises pour les réduire en esclavage à Jiriond, et à retourner leur Magie contre eux ! Pourquoi ? Le Mage Ténébreux vit ses réflexions interrompues par des coups discrètement frappés à sa porte. Il ouvrit, et un serviteur lui expliqua, après avoir fait une révérence, que la famille Rigalor s’était échappée. Il n’eut même pas le temps de finir ses explications avant d’avoir été propulsé au bout du couloir, tandis que la Peur montait au sommet de la plus haute tour.

Les anciens Fienpoti lisaient un journal qu’ils avaient pu prendre aux Marronniers, sans être vus. En effet, ils étaient recherchés par la Peur, qui sans doute se méfiait grandement de ceux qui l’avaient déjà affronté bien des années auparavant. Dès qu’ils avaient vu à la télévision le Mage Noir se proclamer Roi de l’Armont, les anciens Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs s’étaient réfugiés dans la Forêt des Marronniers, où ils avaient une petite cabane qui leur servait régulièrement comme lieu de réunion calme et isolé de tout. Le journal leur apprenait que l’exécution publique de la famille royale allait avoir lieue le lendemain. La météo prévoyait une averse sur une bonne partie du Pays, depuis la Forêt aux Fées jusqu’à la capitale. Des nuages au loin arrivaient. A treize heures la famille Rigalor devait mourir. Que faire ? Malheureusement, ils n’étaient plus aussi puissants qu’auparavant, car tous leurs pouvoirs de Fienpoti avaient été transmis à la nouvelle génération. Certes, ils étaient toujours très puissants, mais la Peur l’était bien plus. Et c’était sans compter les mages dont elle s’entourait la plupart du temps à l’extérieur du château. Les Fées et les elfes étaient certainement au courant de ce qui se passait, et allaient intervenir, mais il était peu probable qu’ils réussissent à sauver la famille Rigalor. Les anciens plus puissants sorciers regardaient par la fenêtre à présent, se demandant où étaient leurs successeurs.

Les petites rues de la Cité aux Fées étaient très fleuries, que ce soit par les fleurs poussant dans des jardinières, ou bien dans de petits massifs le long des maisons. Le Peuple Magique prenait soin des plantes, ce qui était du goût de Fabien. Une cité au milieu d’une grande forêt… Des nuages noirs se rapprochaient lentement su Soleil dans le ciel, et il allait probablement pleuvoir la nuit. Après un copieux déjeuner avec les deux Conseillers qui leur firent un rapport du Conseil, ils se rendirent à la deuxième partie de la réunion. Les Fées et les Elfes leur exposèrent le plan : envoyer des elfes en éclaireur afin de savoir où étaient détenus la famille Rigalor, des Fées faire diversion, et les Fienpoti, avec deux Fées et deux Elfes allaient sauver la famille royale, et devaient se téléporter à la Cité aux Fées. Les Fées et les Elfes repousseraient la Peur du Château, appelleraient les Châteauorois à se joindre à la bataille.
« Les Châteauorois vont-ils venir ? demanda Alice d’un ton sceptique.
- Certainement ! affirma une Fée. Le Mage Noir a mis en place une véritable « Terreur » avec des mages et soldats de partout, mais si les Châteauorois se réunissent, les sbires du Sorcier Ténébreux ne pèseront pas lourd.
- Mais la Peur va deviner que des Fées font diversion ! s’exclama Inès.
- Ne vous inquiétez pas, déclara un Elfe, même si elle vient vers l’endroit où sont enfermés les Rigalor, nous viendront vous aider à la combattre, et nous avons prévu de sécuriser encore plus la Cité avant de partir, pour éviter qu’elle ne vienne ici quand nous vous aurons téléportés ».
Après le Conseil, les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs retrouvèrent Elmardie, Ullior et Nathan qui étaient restés ensemble. Après leur avoir expliqué le plan tout en se promenant dans la cité qui s’obscurcissait à cause des nuages, ils se rendirent chez les Formions qui les invitèrent à dîner. Les parents apprirent à Nathan qu’il pouvait rester dans la Cité en attendant de retrouver ses parents, qui devaient être en vie, car le sbires de la Peur avaient apparemment trouvé la Source aux Quatre Fleuves vide de tous ses habitants. Ils s’étaient échappés, d’après un journal, et étaient recherchés. Peut-être avaient-ils même changés de monde. Après ce copieux dîner, les Fienpoti et Nathan se rendirent dans le Palais afin de s’abandonner au monde des rêves. Les jeunes Sourçois dormaient déjà, épuisés par une journée d’activités organisée par un elfe d’une vingtaine d’année. Tout semblait si paisible. Le monde des rêves l’était également.