samedi 24 janvier 2009

Chapitre 19 : Hors des haies de Terlatour

Une brise fraîche hivernale soufflait presque silencieusement sur la cime des majestueux arbres de Terlatour. Brise venant du nord et apportant espoir. Le groupe était prêt à partir dès neuf heure du matin, et quittèrent presque joyeusement la Tour en direction de la porte est du hameau caché. Ils suivirent le sentier tout en étant absorbés dans la contemplation des magnifiques arbres dont la perte des feuilles n’ôtait pas le charme, des pins s’élevant vers les cieux, les animaux tels des écureuils, les hirondelles, les geais, les rouges-gorges, les pies, les chats et tellement d’autres… La petite porte en fer apparut devant eux, et ils virent de l’autre côté des nappes de brume serpenter entre les troncs hors des haies de Terlatour. A gauche du portail se situait une petite villa d’un fabriquant de potions à l’atelier de la forêt, et plus loin à droite un herboriste. Ils vivaient à la limite entre deux lieux très différents, la Terre et Terlatour. Pierre ouvrit la porte, et invita les membres du groupe à passer devant lui. Ce fut lui qui referma le portillon séparant le petit village forestier du reste de la Terre. Ils traversèrent le bois en un quart d’heure environ, et arrivèrent sur une route qu’ils suivirent jusqu’au centre-ville d’Aix en Provence. Les habitants les prirent pour des touristes admirant la citée millénaire, sans se douter que ces personnes allaient changer à tout jamais leurs vies. Ils arrivèrent à la gare où ils acquirent des billets afin d’emprunter le train en direction de la ville de Marseille. Lorsqu’ils furent dans cité phocéenne, ils en empruntèrent un nouveau qui les emmena en direction de la capitale, Paris. Cela faisait cinq heures qu’ils avaient refermé la porte de fer encadrée par la haie de Terlatour lorsqu’ils arrivèrent au cœur de la cité parisienne. Chacun des membres du petit comité songea que cette journée débutait davantage comme celle d’une promenade entre le hameau caché et la capitale de la France, mais sans oublier le plan de Pierre fort simple, mais… déroutant « Si nous passons par des voies officielles, nous n’arriverons jamais jusqu’au président, ni même auprès d’un ministre ou d’un haut fonctionnaire. Alors nous allons nous inviter dans le palais de l’Elysée en espérant y trouver le président, monsieur Florian Legros ». Ils empruntèrent le métropolitain afin d’arriver au plus près de l’Elysée. Ils marchèrent jusqu’aux grilles d’entrée fermées et surveillées. Les gardes leur demandèrent ce qu’ils désiraient, et Pierre répondit le plus naturellement possible « Nous désirons rencontrer monsieur le président Florian Legros afin de parler de graves problèmes concernant non seulement la France, mais ce monde en entier ainsi que d’autres. Annoncez je vous prie les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs, Alice, Inès, Nedjma et Fabien, Hélène Dudragon représentante du monde de Tropon et princesse du Galdingan, Jacques Rigalor, représentant de la Magiterrae et roi de l’Armont, Firion Nollio représentant de la Lumière et roi du Geldingor, Marco De la Châtaigneraie, représentant de Xétou et Consul de la Magie de l’Archipel des Palmiers, Magior Hirriliodan, Mage des Temps, et moi-même, Pierre Monbikand, Mage des Temps et ambassadeur de l’Armont. » Les deux responsables de la sécurité s’esclaffèrent devant cette apparente plaisanterie menée par ces dix personnes. Mais ils cessèrent de rire lorsque Pierre d’un geste de la main fit s’ouvrir les grilles, et lorsqu’ils tentèrent d’arrêter le groupe ils se retrouvèrent bloqués par un simple bouclier que les Fienpoti venaient de mettre en place. Simple, n’utilisant que peu d’énergie magique, il suffirait amplement à détourner des balles de pistolets qui ne manqueraient d’arriver. Elles vinrent, et ricochèrent sur le champ de force, augmentant la surprise des gardes ne sachant que faire. Le petit groupe entra et se dirigea en direction du bureau présidentiel, que leur indiqua un employé effrayé. Ils ouvrirent grand la porte et s’avancèrent en direction du président qui tournait en rond dans la pièce, ne sachant que faire devant ces personnes fort étranges et que les gardes n’avaient su arrêter. Les Fienpoti verrouillèrent magiquement la porte et les fenêtres, empêchant ainsi toute interruption de leur entretient improvisé… ou toute sortie du président, qu’il écoute au moins ce qu’ils avaient à lui dire, ce qu’ils allaient annoncer. Pierre somma Florian Legros de s’asseoir et de les écouter. Il commença « Si nous sommes venus aujourd’hui, ce n’est pas pour une simple visite de courtoisie après plus de deux mille ans d’ignorance de la part des Terriens vis-à-vis de tellement de choses. Commençons par le début, je vous prie. A l’époque de l’Egypte Antique, le Mal Suprême, ancien sorcier qui a perdu son corps et dont l’âme se situe dans un autre monde, celui de Jiriond, a voulu agiter les Cinq Mondes, c’est-à-dire la Terre, la Lumière, Xétou, Tropon et la Magiterrae. Il y est parvenu à coup de complots et autres manœuvres, ce qui a entraîné la rupture d’une alliance magique, la Grande Alliance des Cinq Mondes.
- Et de cette rupture une énergie magique s’est dégagée, continua Magior. La Magie existe bel et bien, monsieur le président. Ce dégagement a donné naissance à la Peur, ennemi presque invincible qui a tenté durant des siècles de semer le mal dans les Cinq Mondes, et dans bien d’autres.
- Attendez, l’interrompit le président. Vous ne croyez quand même pas que je vais croire à l’existence de la « Magie » et de ces « Cinq Mondes » quand même ?
- Vous désirez une petite démonstration ? demandèrent en cœur les Fienpoti. Soit ! »
Les Fienpoti usèrent de leurs pouvoirs, et avec leurs forces combinées détruisirent les fenêtres une par une. Pulvériser des choses était malheureusement le moyen le plus efficace d’ôter une partie du scepticisme du Niumadin Terrien. Durant près d’une heure ils expliquèrent la situation, ou plutôt en firent un résumé, tandis que toute les agents de sécurité, la police, la gendarmerie, l’ensemble des forces de l’ordre tentaient d’entrer et de sauver le président de ce qui paraissait être une prise en otage de l’extérieur. Le téléphone avait sonné à de multiples reprises, mais très rapidement avait été débranché par Firion Nollio afin de poursuivre tranquillement la conversation. Le président ne savait que faire pour se débarrasser de ces personnes qui possédaient des instruments de haute technologie pour avoir avec les mains brisé les vitres, et à distance. Il fit semblant de les croire leur histoire abracadabrante, de s’y intéresser, d’être effrayé à l’idée qu’un prétendu sorcier âgé de milliers d’années allait s’en prendre à la Terre car étant un monde sans défense contre lui. Et cette histoire d’alliance ! De quel centre hospitalier psychiatrique s’étaient-ils échappés ? Florian Legros accepta leur proposition de lui montrer cette ville imaginaire qu’ils appelaient « Terlatour ». Pierre Monbikand lui demanda de venir à Aix-en-Provence immédiatement, car il savait que d’une part ils n’arriveraient plus à rentrer à Terlatour sans être suivis, et sans train ni avion, les difficultés augmenteraient. Et d’autre part s’ils ne forçaient pas le président Français à constater de lui-même la véracité de leurs propos jamais il n’agirait, convaincu d’avoir eu affaire à des énergumènes. L’ambassadeur de l’Armont avec Magior créa un nouveau champ de force magique entre eux et l’ancien, et entre les deux ils firent venir le président. Lorsqu’ils sortirent du palais de l’Elysée, ils furent accueillis par une centaine d’agents de sécurité qui tentèrent en vain de briser le bouclier. Des dizaines de balles dirigées vers les membres du groupe ricochèrent, et c’est en vain qu’à coup de matraque les forces de l’ordre tentèrent de faire sortir le président bloqué à l’arrière. Ils demandèrent au président de réclamer un avion afin de se rendre le plus rapidement possible à Aix en Provence. Il le fit à contrecœur, et il réclama un véhicule pour aller en direction de l’aéroport où l’aéronef les attendait. Ce fut Pierre qui conduisit l’immense automobile, protégée par un champ de force, leur permettant de laisser l’autre disparaître, mais Florian Legros resta séparé du reste des passagers par l’autre. Deux heures plus tard, ils arrivaient près d’Aix en Provence, réquisitionnèrent un autre véhicule et le conduisirent jusqu’à un terrain plat en bordure de la forêt du Montaiguet. Des hélicoptères les survolaient, et des automobiles amenant des forces de l’ordre arrivèrent, tandis qu’ils se précipitaient en direction de la haie. Celle-ci apparut au cœur de la forêt, ils la longèrent sur une cinquantaine de mètre jusqu’à un petit portail qu’ils ouvrirent. Les services de sécurité nationale arrivèrent au moment où le portillon se refermait, et virent disparaître soudainement ceux qu’ils suivaient au beau milieu d’une minuscule clairière.

Durant toute la journée, Charles et Marine étaient restés en compagnie de leur mère et de Louis Nollio. Ils avaient visités une fois de plus l’atelier, bavardant avec les mages y travaillant et œuvrant à la réalisation de potions et autres produits. Rencontrer les Terlatourois était quelque chose de plaisant, d’autant plus que leur accueil avait été chaleureux. Après une matinée passée sur les sentiers serpentant entre les arbres, l’après-midi s’écoula dans la bibliothèque de la tour. Puis alors que le soleil commençait à se diriger au-delà de la cime des arbres, des éclats de voix se firent entendre à l’extérieur. Florian Legros arrivait, et ne semblait guère ravi de la situation dans laquelle ils e trouvait, la jugeant trop surnaturelle…