dimanche 13 juillet 2008

Chapitre 11 : Le Temple de la Forêt Ancestrale

Sous le feuillage épais des arbres de la Forêt Ancestrale, il faisait frais et un peu sombre à cause des nuages et du feuillage des majestueux arbres. Le rigiou tirait la carriole à une allure raisonnable, et le chant apaisant des oiseaux semblait irréel. Il y avait de tout dans cette belle et mystérieuse forêt: des chênes, des pins, des acacias, des troènes… La route était calme, et ils ne croisèrent que trois coches. Le chemin s’engagea dans une clairière où se situait un village où des enfants jouaient tandis que leurs parents parlaient entre eux, avant de reprendre le travail. La route quitta le petit village, et un panneau indiqua qu’il restait environ moins de vingt minutes avant d’arriver au Temple. Peuple Magique et Humains cohabitaient et vivaient à proximité, tout en conservant un peu de distance afin que chacun puisse aussi vivre indépendamment de l’autre. Les échanges entre le Temple et le village étaient nombreux, et il n’était pas rare d’y trouver des Fées ou des Elfes tandis que des Humains allaient voir le Peuple Magique. Après quelques minutes, le coche franchit une grande arche, composée de motifs en or : lors de la fabrication de cette arche, les Gnomes de la Manufacture, après avoir taillé la pierre, avaient fait couler de l’or en fusion dans les rainures. Certains portails avaient été fabriqués de cette manière, mais ils avaient dû voyager en pièces détachées, pour être montées, et ensorceler par les Fienpoti d’alors. Après le franchissement de l’arche, le temple se révéla aux voyageurs. Ce Temple était gigantesque, car il abritait environ une centaine de Fées, et autant d’elfes. Il possédait trois étages, en plus du rez-de-chaussée, et il y avait une multitude de fenêtres, donnant dans des appartements, des salles de Magies, des salles dites « mystiques » réservées aux puissants magiciens et aux Esprits de la Forêt, et d’autres salles aux multiples fonctions… Le Temple était construit en forme de « o » rectangulaire, coupé en deux par la route de la Forêt qui reliait les Genévriers et Alider à la lointaine ville de Rotiane. En plus de ce temple la vaste clairière accueillait une multitude de maisons, de grands jardins fleuris et des petites allées calmes. Des enfants fées et elfes jouaient dans un de ces jardins, à proximité du Temple. La forme de celui-ci permettait d’avoir deux jardins supplémentaires dans les deux espaces séparés par la route. Henri se dirigea vers un emplacement de libre pour son coche, puis le groupe descendit. Ils furent accueillis par un jeune elfe qui leur indiqua où trouver les Deux Conseillers. S’ils avaient de la chance, ils seraient en possession en une heure maximum du Triangle des Trois Forces…

La jeune Princesse de Tropon, Hélène Dudragon, regagnait d’un pas vif sa vaste demeure, et traversait la ville de Saint Dragon à une vitesse qui aurait été qualifiée de très rapide chez la plupart des Dragonnois, mais qui était naturelle chez elle. Les gens qu’elle croisait inclinaient la tête ou faisaient une légère révérence, selon le protocole peu exigeant hors des cérémonies et moments dits « officiels ». Elle souriait à tous les habitants de Saint Dragon qu’elle croisait, mais d’un sourire quelque peu crispé. Magior, son conseiller, venait de lui apprendre que la Peur comptait avoir le Cristal Eternel, le Grand Trésor du monde de Tropon, ainsi que le Bâton Noir de Xétou. Le Cœur de l’Océan de la Terre était déjà en sa possession, tandis que les jeunes nouveaux Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs avaient l’Arbre d’Or de la Magiterrae et allaient obtenir ce jour-là le Triangle des Trois forces de la Lumière des mains du Peuple Magique du Temple de la Forêt Ancestrale. Apprendre que le Sorcier Noir allait venir, ou bien envoyer un de ses sbires à Saint Dragon était très fâcheux. Mais que Magior la qualifie de jeune file qui mériterait une fessée car elle n’avait même pas songée à faire fermer le Portail ou bien d’alerter immédiatement la population l’avait mise hors d’elle. Pour qui se prenait-il ? Ce n’était pas parce qu’il l’avait vu naître qu’il devait s’adresser ainsi à la Princesse qui régnait ! Il avait même tenté d’illustrer physiquement ses paroles, mais elle lui avait fait voir sa façon de penser. Bon, certes, sa gifle avait été un peu, mais vraiment un petit peu, trop forte. Mais il songerait à leur prochaine réunion qu’elle n’était plus une enfant. En réalité, elle ne lui en voulait pas, et au-delà de sa fureur elle était honteuse de n’avoir même pas suggérer de faire fermer le Portail, ce qui était l’une des premières choses à faire en cas de menace venant d’un autre monde. Magior devait être en train de la faire à cet instant précis, et commençait à alerter les habitants de la capitale du danger. Elle n’avait pas voulu le faire tant qu’elle n’avait pas réalisé un plan avec l’aide de son conseiller et de ses ministres sur ce qu’il convenait de faire. Le mage avait raison : les Dragonnois devaient être prévenus afin de mieux se préparer même si la conduite à tenir n’avait pas encore été totalement définie. La princesse entra dans le grand hall, se dirigea vers le porte de droite qu’elle ouvrit à l’aide de sa clef dorée, et entra dans son escalier personnel, qui menait à tous les étages du palais, et sutout à ses appartements directement, sans à avoir à faire une multitude de détours comme devaient le faire ses visiteurs. Le Palais était construit au milieu de plusieurs gigantesques arbres qui mesuraient des dizaines de mètres de hauteur, et s’adossait sur ceux-ci, pour qui servir de piliers revenaient à porter une plume pour un humain. Les arbres de Tropon étaient très solides, ce qui expliquait que les habitations de Saint Dragon s’adossaient toutes sur le tronc d’arbres, ou qu’un serve de pilier central en plus des autres construits avec la maison. La Princesse Hélène ouvrit la porte donnant sur son salon privé, et se dirigea vers le balcon, qui lui permettait d’observer tranquillement la place de l’Arbre de Toujours, qui faisait face au Portail. Elle était trop loin pour distinguer le visage des personnes qui se trouvaient sur cette place, mais elle se doutait que Magior était celui tourné vers le Portail, et qui semblait diriger ses mains vers celui-ci. Il était prévu de le déverrouiller le lendemain, et de poster sur la place des dragons afin qu’ils limitent le risque d’intrusion tout en permettant aux Fienpoti de venir à Saint Dragon. Tandis qu’elle pensait à cela, un dragon qui volait au-dessus des arbres se posa sur la terrasse, et Hélène le caresse doucement. De taille adulte, il était aussi grand qu’un ours, mais comme ses congénères il appréciait les câlins des humains et gestes de tendresse qu’ils rendaient toujours. A Tropon, c’était le dragon qui était le meilleur ami des humains, avec les chats qui eux aussi étaient bien présents. Elle joua quelques instants avec son chaton qui s’était allongé sur le sol. Hélène se relevait lorsque tout d’un coup, les deux battants de bois finement ouvragés du Portail tentèrent de s’ouvrir, et y parvinrent petit à petit. Visiblement quelqu’un voulait entrer de force au moment où Magior était en train de le verrouiller. Les personnes les plus proches lancèrent des sphères colorées tandis que des dragons tentaient de frapper en volant le ‘homme qui venait de mettre le pied sur la place, et qui était suivit par ce qui paraissait être des soldats et des mages. Très rapidement, une bataille éclata sous ses yeux, et elle ne peut s’empêcher de crier lorsqu’un dragon tomba lourdement sur le sol, et écrasa un Dragonnois qui portait secours à un autre blessé. Elle était horrifiée par la scène qui se déroulait sous ses yeux. Il fallait qu’elle réagisse, mais comment ? Cela faisait deux minutes que les combats avaient débutés lorsqu’elle n’arriva plus à retrouver le premier homme à être arrivé dans la bataille. Deux minutes plus tard, un vacarme effroyable retentit dans tout le Palais, bruit effrayant qui se rapprochait de plus en plus, passait du rez-de-chaussée au premier, puis au second, au troisième, au quatrième… La porte qui reliait son salon au reste de l’étage fut pulvérisée, et elle vit un homme entrer, l’arrogance brillant dans ses yeux noirs. Le chaton qui tenta de le griffer fut projeté par-dessus la rambarde, et la Dragon ne tarda pas à suivre, les deux ailes ayant été transpercées par deux sphères d’une couleur rougeâtre. Il déclara calmement : « Je me prénomme Kotoin, et je sers humblement la Peur et le Mal Suprême qui règne sur tout l’Univers depuis son temple rayonnant de Jiriond. Le Mage Noir vous demande expressément de me confier le Cristal Eternel sans conditions. Si vous coopérez, de nombreuses vies pourront être épargnées, et mes maîtres se montreront cléments envers les habitants de ce monde. Vous pourrez vivre agréablement dans les conditions qui vous seront communiquées par le Mage Ténébreux en personne.
- Hum ! fit-elle dédaigneusement. Humble, mais bruyant !
- En effet, j’ai été dans l’obligation « d’ouvrir » quelques portes. Soit, j’aurais pu tourner les poignées pour la moitié, mais j’étais trop pressé.
- « Ouvrir » ? répéta-t-elle ironiquement. Détruire, voulez-vous dire !
- Taisez-vous, écoutez, et exécutez ! s’exclama Kotoin. Je veux le Grand Trésor pour mes maîtres, alors vous allez me le donner !
- Non merci, répondit Hélène dans une attitude royale qui aurait fait rougir de honte un soldat de l’armée de la Peur.
- Très bien, susurra le serviteur du Mal. Ainsi, vous croyez pouvoir refuser de vous incliner, et empêcher la Peur d’aller à Heucalia ? Vous allez rapidement changer d’avis…
- Je vais vous faire une seule chose : vous faire voir ma façon de penser !
La claque qu’elle lui asséna retentit dans le salon, mais à peine eut-elle accompli son geste qu’elle se retrouva entourée d’une sorte de corde, créée par Magie. Elle ne pouvait guère plus se mouvoir, et Kotoin transforma à l’aide de sorts ses appartements en prison dorée. Elle ne pouvait ouvrir aucune porte ne menant hors de ceux-ci, et ne pouvait non plus ouvrir les fenêtres. Il lui promit de tuer devant elle un dragon ou un humain chaque heure qui passerait tant qu’elle ne donnerait pas le Grand Trésor. Il cacha fort habilement sa fatigue due à une grande utilisation de la Magie en très peu de temps. Un peu de repos lui ferait du bien, et il quitta les appartements de la jeune Princesse en ricanant. Il allait s’établir dans l’une des vastes suites du Palais. Il devait environ être dans les onze heures du matin seulement…

Marine Rigalor marchait seule dans le jardin. Elle se retourna vers le pommier qui était visible au-delà des haies. Louis devait l’avoir quitté. Elle avait appréciée qu’il la serre dans ses bras et qu’il lui promette de la protéger contre la Peur et le Mal Suprême. Cela ne faisait qu’un quart d’heure qu’ils s’étaient quittés, et pourtant il lui manquait déjà. Marine croisa son père dans le couloir, suivit par Firion Nollio. Elle retrouva sa mère et son frère dans le vaste salon où ils lisaient des livres. Marine prit le roman qu’elle avait commencé la veille, et se plongea dans le monde de la lecture. Elle songea quelques minutes aux Fienpoti, et espéra qu’ils allaient pouvoir aider à triompher de la Peur.

La Peur franchit le Portail, et arriva sur la vaste esplanade où se situait le Temple du Mal Suprême. Beaucoup de monde passait par le Pont « T », ou Tripont comme l’appelaient ceux qui régissaient ces idiots des soldats, d’esclaves, de sorciers, et autres êtres humains servant le Mal. Ils n’avaient pas eu le choix, la plupart étant fils ou fille de serviteurs enfants de serviteurs enfants de serviteurs, et ce depuis bien des générations. Quand on a environ deux millénaires et demi d’existence, la vie d’esclaves paraissait sans importance, vie éphémère à servir sans avoir à réfléchir, condamné à obéir et à être dominé. Le Tripont, constitué en fait de trois ponts, l’un étant la prolongation à l’autre, et le troisième perpendiculaire aux deux premiers, les trois se rejoignant sur une petite place circulaire reliée au sol par un énorme pilier qui reliaient les deux rives de la ville de Calor, était l’artère principale de la cité. La ville était construite contre des montagnes, et deux cascades de lave tombaient, et se rejoignaient ensuite. Mais entre la montagne et le point de jonction des deux rivières se trouvait l’Île du Temple. Ainsi était bâtie Calor, la ville de la « Chaleur », cité ayant un passé riche, et très différent du présent. Le Portail faisait face à l’entrée du Tripont sur l’esplanade du temple, et également à la porte du temple lui-même. Le Mage Noir fut immédiatement accueillit par un soldat qui le conduisit jusqu’à la Salle du Trône, où la puissance magique et l’esprit du Mal Suprême était enfermée. Le Sorcier des Ténèbres inclina légèrement la tête, seule marque de ce qui aurait dû correspondre à une profonde révérence pour n’importe qui d’autre, sauf pour lui et la Grande Prêtresse du Mal Suprême, Chantal. Depuis que le Mal Suprême avait aidé la Peur à prendre le contrôle des pouvoirs qui la composait, il y a de cela des dizaines de siècles, ils s’étaient attachés l’un à l’autre. Le Sorcier Ténébreux fit venir d’un geste de la main un siège pour lui et un second pour Chantal. Ses cheveux étaient blonds, soyeux, et tombaient délicatement sur ses épaules. Ses yeux bleus brillaient d’une lueur maléfique qui laissait deviner les divers complots qu’elle avait menée, et faisaient comprendre sans l’avouer clairement qu’elle était l’instigatrice du meurtre de trois commandants qui refusaient de la reconnaître comme digne successeuse de Marius Holoin, feu Grand Prêtre du Mal Suprême jusqu’à l’année précédente. Le seul échec de cette femme était la montée en puissance d’Antoine, son rival de toujours. Qui serait le plus puissant de leur génération ? Qui servirait le Mal Suprême mieux que l’autre ? Qui dominerait l’autre ? Le Mage Maléfique regarda d’égal à égal la sphère qui brillait au-dessus du trône, sphère incassable et reliée au trône par des volutes métalliques. Le trône n’avait jamais pu être détaché du sol de la pièce, qui était originellement une prison temporaire de l’âme et de la puissance magique du Mal Suprême. Seulement les Fienpoti et les Mages des Temps n’avaient pas eu le temps de résoudre cette énigme avant que bon nombre des partisans de l’homme à qui cette âme avait appartenu ne vienne investir le monde de Jiriond, et que lui, le Mage Noir, arrive et dévaste tout. En récompense, le Mal suprême l’avait complètement libéré de l’emprise de ses pouvoirs dévastateurs. Désormais, c’était lui qui les contrôlait ! Une voix, venant de partout et nulle part à la fois se fit entendre dans la pièce : « Alors, où en es-tu dans la quête des Grands Trésors ?
- Je possède le Cœur de l’Océan, déclara la Peur, sans aucune marque de distinction.
- Et qu’en est-il exactement des autres ? J’ai eu des rapports confus, notamment sur le Cristal Eternel, fit le Mal.
- L’Arbre d’Or est en la possession des Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs et le Triangle des Trois Forces probablement. Quant au Cristal Eternel, mon serviteur Kotoin va le récupérer aujourd’hui. Enfin, je comptais aller aujourd’hui même aller récupérer de force le Bâton Noir aux Trois-Îles.
- Bien. Il Te manque quand même deux Grands Trésors. Il te les faut ! Antoine a dit que Muriel De Potel veut que les Quatre Sorciers trouvent ce qu’il faut pour te vaincre à Heucalia, et tu dois donc y aller avant eux. En plus, ce sera l’occasion de prendre le contrôle de ce monde.
- Et pourquoi n’avez-vous pas pensé aux Grands Trésors pour accéder à ce monde puis des siècles ? l’interrogea la Peur.
- Tu sais comme moi que ce monde à un accès très limité par le Portail, et qu’aucune force maléfique n’a pu aller à Heucalia. Mais, depuis que Muriel a fait fermer le Portail, le champ magique maintenu par les Esprits a été enlevé, car il ne s’activait qu’en même temps que le Portail. Tu sais très bien qu’on n’a jamais réussi à réunir suffisamment de puissance pour le détruire ! Sans doute que les Fienpoti avaient « arrangé » le Portail d’Heucalia pour améliorer leurs protections. Quant aux Grands Trésors, ils servaient initialement à rappeler la Grande Alliance, mais je n’avais pas songé au fait qu’ils étaient la clef du monde d’Heucalia une fois réunis.
- Et une fois là-bas, dit le Mage des Ténèbres, mes pouvoirs seront renforcés, et je pourrais me débrouiller pour prendre ceux des Fienpoti.
- Exactement ! Tes pouvoirs sont très importants, mais difficile à utiliser. C’est l’un de tes problèmes depuis plus de vingt siècles… »
Un coup retentit à la porte, et Antoine pénétra dans la pièce. Il renifla dédaigneusement à l’égard de Muriel, et fit venir par Magie un troisième fauteuil. Il raconta que Muriel n’avait fait aucun rêve ce soir-là. Et que le soir précédent, il avait été avec les Fienpoti, et qu’elle n’avait rien révélé d’important. Elle se méfiait. Cinq minutes après, il partait en direction de ses appartements. « Nous avons un atout à garder précieusement, se réjouit la Peur. S’il peut explorer ce type de rêves, cela n’a qu’une seule vraie signification.
- Oui, acquiesça le Mal Suprême. C’est un Mage des Temps, au même titre que Muriel et Magior. Il va développer d’ici peu de temps d’autres pouvoirs caractéristiques.
- Il ne doit pas le savoir ! s’exclama Chantal. Il risquerait de n’en faire qu’à sa tête par la suite !
- Chantal, l’interrompit le Mal, je comptais ne rien lui révéler tant que cela ne servira pas mes plans… ».

Les Fienpoti entrèrent dans une tourelle située au cœur d’une place elle-même au centre des deux ailes distinctes du Temple, reliée par deux ponts aux deux parties en forme le « U ». Ils furent émerveillés par la beauté des lieux : des volutes finement ouvragées recouvraient les murs, un magnifique lustre aux centaines de pièces en cristal répandait la lumière depuis le plafond situé trois étages plus haut jusqu’en bas, accompagné sur les murs par des appliques également en cristal représentant des arbres. Le sol était en pierre vert foncé, et les murs l’étaient également, mais dans une teinte plus claire. Ils gravirent les marches en compagnie d’Henri, et se dirigèrent une fois au sommet vers l’aile est, comme leur avait indiqué deux jeunes Elfes. Ils admirèrent la petite cité féérique depuis le pont, avec ces maisons espacées entourées par des jardins qui semblaient être une illusion magique tellement leur beauté arrivait à les envoûter. En entrant dans l’aile, ils se dirigèrent vers le grand cercle qui laissait passer un escalier circulaire qui descendait vers le bas, en s’enroulant autour des étages. Devant le sommet de l’escalier les attendaient le Conseiller-Elfe et la conseillère-Fée. Ils parlèrent dans un bel ensemble, d’une belle voix mélodieuse et en leur souriant : « Bienvenue dans le Temple de la Forêt, Fienpoti ! Nous avons été prévenus de votre arrivée par un pigeon voyageur envoyé par le Roi Firion Nollio. Dans ce message, le roi nous a expliqué le motif de votre visite. Nous allons vous ouvrir les portes de la Salle aux Mystères. Je vous rassure : même en nous téléportant avec, le temps que le pigeon arrive ici et que vous rejoigniez ensuite le Portail au sud du pays aurait été au moins équivalent à celui que vous avez mis pour arriver chez nous. Suivez-nous. »

Ils traversèrent de nombreuses salles dans le troisième étage, longèrent une multitude de couloirs, et montèrent une ribambelle de marches, avant d’arriver à la Salle aux mystères. Les portes en bois de chêne et aux complexes dorures s’ouvrirent pour laisser passer le petit groupe. Les vitraux aux teintes vertes laissaient passer un peu de lumière qui allait frapper un piédestal situé au centre de la salle où s’alignait le long des murs des dizaines de coffres, des sacs et des présentoirs avec une multitude d’objets qui respiraient la Magie. Sur ce piédestal en argent massif reposait le Grand Trésor du Monde de la Lumière. Le Triangle des Trois Forces, de sa belle couleur or, était caché ici, dans la Salle aux Mystères, à l’abri pour l’instant du Mal. Les Fienpoti tendirent leurs mains vers ce Triangle. Aussitôt, le Triangle brilla d’une lumière dorée, autrement dit de sa couleur. Même si le sortir de là signifiait l’exposer d’avantage, le laisser signifier le perdre quelques temps après.

Nathan attendait les Fienpoti sur le perron du hall par lequel sortirent ses amis. Etant donné qu’il y avait dans chaque Cité des Elfes et des Fées un petit Portail, dans le cadre de son enseignement de la Magie il était venu dans le Temple de la Forêt. Il vit sortir les 4 Sorciers du Temple en tenant le Triangle dont les côtés mesuraient chacun 30 centimètres environ. Après avoir parlé pendant de nombreuses minutes, Henri alla chercher le coffre en bois où les Grands trésors étaient entreposés. Ils y mirent le Triangle des Trois Forces. Ensuite ils reprirent leur conversation :
- Alors, sais-tu où sont tes parents ? demanda Nedjma.
- Malheureusement, non ! répondit avec tristesse Nathan.
- Tu sais, fit Alice, nous savons où sont nos parents, mais nous ne pourrons pas les voir avant quelque temps. J’espère qu’ils vont bien…
- Peut-être que les miens ne sont pas morts et qu’ils sont serviteurs de la Peur contre leurs gré.
- Et as-tu appris de nombreuses choses avec les Fées et les Elfes ? dit précipitamment Fabien pour changer de sujet.
- Beaucoup ! Je sais neutraliser certains sorts, les mineurs pour l’instant, je sais lancer des sphères d’énergie assez puissantes, je sais fabriquer quelques potions, etc…
- Et pour combien de temps es-tu ici ? voulut savoir Inès.
- Pour un mois, déclara le sorcier Armonois. »
Jassifiadine se remettait encore de la venue de la Peur à la Cité aux Fées durant la bataille du château selon Nathan, détail qu’ignoraient les Fienpoti. Ils furent choqués et désolés d’apprendre que l’absence et la colère du Mage Noir au Château de Châteauor était due à cela. Et ils furent surpris d’apprendre que Pierre Monbikand se trouvait dans le monde de Xétou afin d’aller les aider à récupérer les Grands Trésors. Comment pouvait-il savoir ce qu’ils cherchaient ? Personne en Magiterrae n’avait eu connaissance de leur mission de récupérer les Grands Trésors. Sinon, Jassifiadine ou Blimont auraient d’ores et déjà prévenu leurs homologues dans le Temple. Les Quatre Sorciers aux Quatre Pouvoirs déjeunèrent rapidement vers les douze heures, et après avoir rassuré Nathan au sujet de ses parents, ils se dirigèrent vers le Portail qui se situait à cinq minutes du Temple. Il se situait au cœur d’un jardin floral, et les jeunes aquisextains, autre nom donné aux aixois, traversèrent un petit pont en bois ressemblant fort à ce qu’on pouvait trouver au Japon, afin de traverser un ruisseau. Le Portail était abrité sous un dôme en bois sombre, et était lui-même construit dans la même matière. Les Deux Conseillers les avaient accompagnés, et se tinrent chacun d’un côté de la porte surmonté d’un petit toit japonais. Les Fienpoti entonnèrent la formule nécessaire afin qu’ils se rendent à Saint Dragon, dans le monde de Tropon. Les deux battants coulissèrent sur le côté, et une vision d’horreur apparut.